Monter à Jérusalem

Il y a longtemps, montant par le désert de Jéricho à Jérusalem avec quelques amis, nous avions voulu trouver dans la Bible, pour rythmer notre marche, des textes sur la montée à Jérusalem. Cette recherche a été l’occasion de découvrir une chose que je n’avais jamais remarquée (on apprend à lire l’Écriture avec ses pieds autant qu’avec sa tête !). Dans l’Ancien Testament, il est facile de trouver des textes qui expriment la joie de cette marche vers Jérusalem. Ce sont tous les « Psaumes des montées ». En revanche, dans l’Évangile, la montée à Jérusalem est dramatique : « Ils étaient en route, montant à Jérusalem ; et Jésus marchait devant eux, et ils étaient dans la stupeur, et ceux qui suivaient étaient effrayés. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver : ‘Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens, ils le bafoueront, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et après trois jours il ressuscitera’. » (Mc 10, 33-34). Dans l’Évangile, la montée à Jérusalem est une montée vers la passion.

Il y a pourtant dans le Nouveau Testament un récit de montée joyeuse à Jérusalem, c’est l’épisode des disciples d’Emmaüs. Partis désespérés de Jérusalem après la mort de Jésus, ils y reviennent en hâte et dans la joie après que Jésus, qui les a rattrapés dans la descente, se soit montré à eux vivant. Par sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus nous ouvre la route de Jérusalem.

Monter à Jérusalem, c’est monter au Temple, le lieu que Dieu a choisi pour y faire résider son nom. Le but de la montée, selon les textes sur les fêtes de pèlerinage, c’est la rencontre avec Dieu dans sa maison, le lieu où on vient le voir et être vu de lui. Et le lieu de la rencontre, le maqom, n’est autre que Dieu lui-même, chez qui nous pouvons entrer avec assurance, grâce à Jésus qui nous a ouvert la route et nous donne accès à lui dans la confiance (Ep. 3,12).