Ziv: Le livre de Ruth vers Shavouot


Chaque semaine, Gad Barnea ou Soeur Agnès de la Croix (de la Communauté des Béatitudes) propose une réflexion sur la portion de la Torah lue dans les synagogues le jour du shabbat. Cette semaine, ils offrent un commentaire du livre de Ruth, lu à l’occasion de la fête de Shavouot.

ziv ruthUne histoire de repentance et de rédemption…

Le livre de Ruth est une histoire de repentance et de rédemption. Deux femmes sont au coeur de ce récit. L’une, Naomi, vient de perdre son mari, ses fils, et tout ce qu’elle avait pour vivre. Mais elle sera relevée et rétablie dans la plénitude par la grâce divine. L’autre, Ruth (qui donne son nom au livre) quitte sa famille, son pays et sa foi païenne pour entrer dans l’héritage d’Israël et dans la foi juive. L’histoire commence par une tragédie : en quelques versets, Naomi se voit confrontée à la misère et à l’humiliation dans un pays étranger. Elle et sa famille avait fui le pays de Juda pour échapper à la famine et tenter de trouver une situation meilleure. Ayant atteint le fond de la misère, elle se repent d’avoir déserté son peuple et son Dieu, et décide de retourner dans son pays natal, accompagnée de ses deux belles-filles. L’une, Orpa, est d’après la tradition, la grand-mère du géant Goliath, et l’autre, Ruth, sera celle du roi David, l’ancêtre du messie. Il est dit que Orpa « retourna vers son peuple et vers ses dieux » tandis que Ruth « s’attacha à Naomi ». Le mot hébreu pour « s’attacher » est « davaq », se coller, ou littéralement, devenir un avec une autre personne. C’est le terme qui désigne l’amour qui se livre, ou les relations maritales, ou encore les relations avec Dieu.

Arrivées à Bethléem le premier jour de la moisson des orges, elles sont entourées par la foule des femmes qui les accueille avec dédain : « C’est donc Naomi ? » Et Naomi, repentante et humiliée répond : « Ne m’appelez plus Naomi, appelez-moi Mara, car le Puissant m’a fait goûter l’amertume. Je suis partie dans l’abondance, et me voici revenue dans la misère. Pourquoi m’appeler Naomi puisque le Puissant a témoigné contre moi et qu’il m’a affligée ? »

Le nom qu’elle se donne, Mara, est souvent mal interprété et rendu par « amère », car en hébreu, il s’entend comme ce mot. Mais ici, il se termine par un « aleph
qui lui donne le sens de « personne d’autorité et de pouvoir ». Et de fait, Naomi dit aux femmes de Bethléem que même si elle a tout perdu et que Dieu s’est montré dur avec elle, c’est elle qui est responsable. Elle avait l’autorité sur sa vie, et elle doit maintenant assumer les choix qu’elle a posés. C’est cette confession qui place Naomi et Ruth sur le chemin de la rédemption. Ruth va glaner dans les champs de Bethléem, et se trouve par hasard dans la propriété d’un homme riche et influent, Boaz. Celui-ci est apparenté à Naomi, et donc aussi à Ruth, et d’après la loi de Moïse, il a le pouvoir de les racheter et de les sauver de la misère.

D’après la loi, au sens strict, Boaz n’est pas vraiment obligé de venir en aide à Ruth. En effet, comme elle est Moabite, son mariage avec Mahlôn n’est pas considéré comme valide. C’est ici que se trouve les thèmes au centre de cette histoire, la gratuité et la rédemption. Boaz ne se contente pas de racheter Ruth et de l’épouser, mais en pratiquant le lévirat, il redonne vie au nom de Mahlôn, un homme qui a trahi son peuple et son Dieu… A la porte de la ville, devant le peuple rassemblé, il déclare : « J’acquiers pour femme Ruth la Moabite, veuve de Mahlôn, pour perpétuer le nom du mort sur son héritage et pour que le nom du mort ne soit pas retranché d’entre ses frères ni de la porte de sa ville ».

C’est de ce rachat, qui n’est pas de nécessité, mais de pure gratuité et de pure compassion que sortira la lignée de David, la lignée du Messie. Shabbat shalom.

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