Un ilot de paix et de joie avant le début de la violence et de l’extrémisme

Il y a quelques jours, le jeudi 6 mai 2021, avant la terrible vague de violence que nous venons de vivre, la communauté Catholique de langue hébraïque à Jérusalem a participé à une prière interreligieuse organisée par la communauté de Sion sur le sujet de « Arvut » (mot qui couvre une variété de significations, et dont la traduction la plus proche est « responsabilité mutuelle »). Des leaders des trois religions monothéistes y participaient (Rabba Tamar, Sheikh Ihab, Sheikha Ibtisam, le Père Rafic, le Père Alberto, le Père Benny). Cet évènement qui eut lieu dans le complexe de la Tour de David, nous a offert un espace de paix et de joie avant le début de la violence et de l’extrémisme à Jérusalem et dans toute la Terre Sainte. Un ensemble musical spécial a accompagné cette soirée avec des chants et des musiques inspirés.

Voici un résumé des paroles du Père Rafic sur « l’Arvut » :

Plutôt que de définir ce mot complexe, je préfère l’approcher à travers 5 expressions qui en reflètent différents aspects : responsabilité/solidarité/ fraternité/ souci des autres/ aiguiser ses sens.

Responsabilité : dans le monde moderne, nous avons de plus en plus conscience que nos actions personnelles affectent non seulement le petit cercle autour de nous (famille, voisins proches, quartier) mais des cercles toujours plus larges : la manière dont je mange, je bois, je pollue, j’utilise les médias, je délivre des messages aux autres, ont des conséquences sérieuses sur beaucoup … je peux facilement influencer une personne qui vit à des milliers de kilomètres de moi, pour le meilleur et pour le pire.

Solidarité : un mot dérivé de « solide », quelque chose qui est entièrement connecté, comme un corps. Le livre de la Genèse y fait allusion dans l’histoire d’Adam et Eve (le père de l’humanité et la mère de tous les vivants) qui nous raconte que nous sommes tous une grande famille. Aussi, dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul utilise la métaphore du corps et explique que lorsqu’un organe du corps souffre, tout le corps souffre. Je ne peux pas ignorer quelqu’un qui souffre près de moi, et imaginer que tout ira bien pour moi.

Fraternité : Dans le Christianisme, nous soulignons traditionnellement le lien de fraternité entre ceux qui sont baptisés, ceux qui sont transformés en frères en raison des liens de foi parce que, à travers la foi et le baptême, ils sont nés à nouveau comme fils du même Dieu. Aujourd’hui, le Pape François souligne de plus en plus la fraternité universelle, basée sur notre nature humaine commune. Ce lien de fraternité, nous sommes appelés à le créer entre nous, en décidant de prendre soin les uns des autres, dans un esprit d’amour et de miséricorde, comme dans la parabole du « Bon Samaritain » (Luc, chapitre 10)

S’occuper des autres : c’est l’opposé de l’indifférence et de l’omission. Nous disons toujours au début de la Messe : « Je confesse… que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ». La bienveillance s’exprime à travers des « actes », pas seulement à travers des sentiments et des déclarations.

Aiguiser les sens : aujourd’hui nous sommes de plus en plus conscients de ce qui arrive autour de nous. En même temps, l’énorme masse d’informations que nous recevons engourdit nos sens… Nous avons donc besoin d’aiguiser nos sens afin d’être capables, de plus en plus, de discerner entre important et moins important, entre essentiel et marginal. Autrement, notre esprit de responsabilité risque la confusion, et nous risquons de devenir indifférents.

Nous prions pour que, dans cette Terre Sainte, nous puissions redécouvrir que nous sommes tous des enfants d’Adam et d’Eve, enfants d’Abraham, appartenant à la même famille, et que nos destinées sont entrelacées. Nos caractères différents, nos origines, nos religions et nos vies, ne signifient pas que nous sommes une menace pour l’autre ; au contraire, nous sommes appelés à être responsables les uns des autres et à nous soutenir les uns les autres.