L’Archevêque Pizzaballa à tout son diocèse


L’Archevêque Pierbattista Pizzaballa , Administrateur Apostolique du Patriarcat Latin de Jérusalem, a adressé une lettre à tout le diocèse du Patriarcat le vendredi 3 mars 2017.

Lettre au Diocèse

« Nous portons ce trésor dans des vases de terre »
(2 Corinthiens 4 :7 )

Chers frères évêques et prêtres,
Chers frères et sœurs, fidèles dans toutes nos paroisses et communautés religieuses,

« Le carême est un nouveau commencement, une voie d’acheminement vers Pâques, victoire du Christ sur la mort. Cette époque nous appelle d’une manière urgente à la conversion. Les Chrétiens sont invités à revenir vers Dieu « de tout leur cœur » (Joël 2 :12), pour refuser de s’installer dans la médiocrité et de faire grandir leur amitié avec le Seigneur. Jésus est l’ami fidèle qui ne nous abandonne jamais ». Avec ces mots puissants, le Pape François commence sa lettre aux fidèles à l’occasion du Carême.

Depuis le 15 juillet 2016, je suis à la barre du diocèse comme Administrateur Apostolique. J’ai passé ces derniers mois à apprendre, à m’enraciner dans ce qui est maintenant notre réalité partagée : la vie de notre Patriarcat Latin. Pour les 170 dernières années ce Patriarcat a joué et joue encore un rôle important dans la vie des Chrétiens de Terre Sainte. Nos paroisses, écoles et beaucoup d’autres institutions ont contribué beaucoup à la vie des Chrétiens dans ces terres et ont renforcé notre témoignage au Christ et à la résurrection de la mort. Pourtant, nous savons tous que la nomination d’un Administrateur Apostolique, quelqu’un d’extérieur au clergé du Patriarcat, a été une décision inattendue, et est venue comme une surprise qui a choquée beaucoup. Cela mène à la conclusion que tout n’est pas bien. Bien sûr, des fautes ont été faites et de mauvaises décisions ont été prises qui ont affecté la vie du Patriarcat, financièrement et administrativement, principalement concernant l’Université Américaine de Madaba . Nous avons échoué dans des secteurs importants, peut-être car nous n’étions pas assez fixés sur notre première mission : prêcher l’Evangile et nous consacrer à nos activités pastorales.

Depuis juillet dernier, j’ai rencontré les évêques, les prêtres, les religieux et les laïcs, et visité les parties principales du diocèse. J’ai découvert beaucoup de choses positives, plein d’encouragement et d’espérance, mais j’ai aussi noté que nous avons des problèmes, une crise qui menace notre maison , des problèmes qui m’ont mené à être nommé Administrateur jusqu’à qu’un nouveau Patriarche puisse être nommé, des situations auxquelles nous devons faire face avec honnêteté, courage, détermination, amour fraternel, mais cela doit être, avec l’aide du Saint Esprit, un lieu pour une nouvelle vie, pour rebâtir dans l’Esprit, un lieu de résurrection. C’est notre engagement, notre espérance et notre prière.

Je voudrais partager avec vous ma joie pour ce temps de Carême, au Patriarcat Latin de Jérusalem, car nous avons commencé ce temps d’une manière très significative. La veille du mercredi des Cendres, j’ai décidé de rassembler tous les prêtres diocésains du Patriarcat Latin. J’ai pensé que j’étais prêt à partager avec les prêtres quelques-unes de mes réflexions pendant ces derniers mois et pour écouter calmement leurs suggestions et leurs opinions. Les prêtres se sont rassemblés le lundi et mardi 27 et 28 février à la maison de la Visitation des Sœurs du Rosaire à Fuheis, Jordanie. Nous nous sommes centrés sur les sujets suivants : la vie du Patriarcat Latin avec une attention particulière pour les prêtres, leur vie et leurs activités pastorales ; les problèmes financiers et leurs solutions possibles ; la préparation de règles internes pour notre administration.

Je peux vous assurer que vous, frères et sœurs bien aimés, fidèles dans toutes nos paroisses, vous étiez très présents, d’une manière ou d’une autre, dans toutes nos discussions et nos échanges, avec vos difficultés, vos souffrances et vos espérances.

Une première joie a été que les évêques et tous les prêtres ont pu venir, jeunes et vieux, de Jordanie, de Palestine, d’Israël et même du Golfe. Ils sont venus impatients d’apprendre, d’écouter, aussi de parler et de passer deux jours ensemble en discussion profonde et pleine de sens à propos de notre Patriarcat, à propos de notre vocation et de la mission mais aussi à propos des fautes qui nous ont menés à une situation critique, principalement financière.

Une deuxième joie a été de voir que ceux qui étaient réunis s’engageaient à travailler sur ces problèmes, voulant faire face honnêtement à la réalité et prêts à s’engager de tout leur cœur dans l’étape nécessaire pour avancer sur le droit chemin. C’était émouvant d’entendre un prêtre, qui parlait fortement et clairement, disant : « le temps est venu de reconnaître notre responsabilité chacun de nous, et de nous engager à un nouveau commencement ». Un autre soulignait : « Nous avons besoin de découvrir comment transformer cette réalité souffrante en grâce. » Je pense qu’il voulait dire la grâce des « nouveaux commencements », la promesse de la Résurrection au-delà de la passion et de la mort que beaucoup d’entre nous vivons maintenant. Nous avons beaucoup à faire. Maintenant c’est le temps de commencer le travail de réforme, de reconstruction et de renouveau dans certains secteurs de notre administration, mais pas seulement. Parmi les autres conclusions, en fait, nous avons décidé de nous centrer davantage sur nos activités pastorales et d’ouvrir, par exemple, de nouveaux bureaux diocésains pour le travail pastoral, qui coordonneront et unifieront notre service pastoral à la communauté.

Bien que comme Administrateur Apostolique j’ai reçu l’autorité de changer certaines réalités financières et administratives, je suis aussi conscient que si nous ne travaillons pas ensemble, notre Patriarcat ne pourra pas retrouver une bonne santé. Ce n’est pas la première fois que nous avons à faire face à de sérieux problèmes dans notre histoire et dans le passé nous avons toujours pu surmonter les difficultés avec l’aide de Dieu. Aujourd’hui, après deux jours avec nos évêques et nos prêtres, je pars plein d’espoir. Le chemin en face de nous sera certainement difficile, les défis grands et les obstacles. Ces deux jours, pourtant, m’ont convaincu que si nous travaillons ensemble, nous centrant sur notre mission de servir le Christ dans Son Eglise, nous surmonterons aussi ce moment. J’ai pensé que nos évêques et nos prêtres étaient prêts à « combattre le bon combat » et aller de l’avant avec courage, sur un chemin difficile. Merci au Seigneur et à votre bonne volonté, je commence le Carême avec soulagement, une profonde gratitude et une énergie renouvelée que je veux partager avec vous tous.

A la fin de notre réunion, les prêtres ont demandé de partager avec vous tous, avec transparence, nos difficultés actuelles, qui sont déjà bien connues, mais en même temps aussi de vous faire connaître notre détermination à régler tout cela, avec l’aide de Dieu et le plein engagement de vous tous.

Je vous demande de prier pendant le Carême pour que nous puissions travailler ensemble, évêques, prêtres, hommes et femmes religieux, laïcs, jeunes et vieux. Comme « vie apostolique »de la première communauté de croyants de Jérusalem, nous devons être « un cœur et une âme » (Actes 4 :32), confiant que ce que le Seigneur a commencé il y a 170 ans, Il continuera de nous soutenir et de nous aider.

Bien sûr, le Carême est un temps de conversion. Nous, les évêques et les prêtres au Patriarcat, sommes parmi les pécheurs qui implorent la miséricorde de Dieu et demandent la grâce de la conversion. Nos fautes et nos mauvais jugements sont clairement devant nos yeux, comme le Psalmiste repentant (Psaume 51(50) :5) dit. Nous devons admettre que nous sommes comme des vases d’argile lézardés. Nous avions une grande confiance mais à cause de notre fragilité humaine, nous avons permis le gaspillage. Cependant nous savons que le Seigneur utilise des vases qui sont fragiles et des outils providentiels dans Son plan de salut. Saint Paul le dit bien : « En effet, le Dieu qui a ordonné que la lumière brille du sein des ténèbres a aussi fait briller sa lumière dans notre cœur pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus-Christ. Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous. Nous sommes pressés de toute parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés » (2 Corinthiens 4 : 6-8). Nous pouvons être certains que le trésor dont nous sommes chargés brillera quand même à travers nos vases de terre.

Frères et sœurs, unis dans la prière de ce Carême, nous cherchons à suivre le Seigneur à Jérusalem. Oui, le chemin sera un chemin difficile mais laissez-moi partager avec vous ma confiance que si nous persévérons avec Lui, nous émergerons dans la lumière de Sa Résurrection !
Que le Seigneur vous bénisse tous dans ce temps de Carême !

Jérusalem, le 3 mars 2017
+ Pierbattista Pizzaballa
Administrateur Apostolique

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